Raku 楽焼
Joie et félicité
béton réfractaire émaillé granit de Lozère, oxyde de cuivre. 1979.
Le Raku 楽焼 (joie et félicité)
Le Raku, abréviation du terme japonais raku-yaki 楽焼 (raku-yaki?, lit. « cuisson confortable » ou « cuisson heureuse ») est le résultat d’une technique d’émaillage, dans la céramique japonaise, mise au point au xvie siècle. Il est lié essentiellement à la fabrication de bols pour la cérémonie du thé dans la philosophie du Wabi-sabi. On utilise un grès chamotté plus solide car les pièces doivent résister à de forts écarts de température. (source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Raku )
Lorsque je découvris le Raku, en 1979, j’entendis ce merveilleux conte:
« Le potier se leva un matin pour aller méditer au bord du lac. Il prit dans ses mains la boue de la berge et façonna un bol à même sa paume, après séchage au soleil, il le ramena à l’atelier. la forme était rude et la terre brute. Il posa son bol près du four, puis vaqua à ses occupations quotidiennes. Après la pause de la mi journée, il alluma son four. la température montait et en fin d’après midi, le four était chaud, rouge comme la cerise. Il prit son bol, le déposa dans les cendres de l’alandier, et le laissa chauffer très vite. Lorsque le bol prit la couleur du feu , il le retira pour y verser de l’eau de la source voisine. Celle ci se mit à frémir, alors il déposa à sa surface quelque poudre de thé. Une fois celle-ci déposée au fond du bol, il le porta à ses lèvres. Tout en humant les senteurs qui s’en dégageaient, il contempla le bol dans le silence de cet instant paisible, en méditant sur la journée qui venait de s’écouler: Le Raku était né. »
Je rencontrais le Raku à travers cette bien belle histoire, qui me rappelait tout ce que le potier doit à la Terre, et aux éléments.
Mon maitre R. Ben Lisa, ne le percevait pas comme cela: un jour , alors que je lui dis que je voulais faire du Raku, il me dit : » Pierre le Raku c’est de la merde! ne fais pas du Raku c’est de la merde, car la raco en Provençal c’est de la merde. C’est la lie du vin que l’on jette lorsqu’on peut plus rien en tirer ».
Je ne compris que plus tard que c’est dans le meilleur fumier que poussent les plus belles plantes.
Mes premiers Raku furent avec la terre réfractaire de Matton à Uzès. les enfumages étaient à base d’huile de vidange, d’herbes, plastiques… puis j’optais pour des supports en béton réfractaire que j’émaillais avec des roches cristallines broyées.
René m’avait parlé des monts Lozère, en 1981 je parti faire une randonnée riche d’enseignements en ces lieux.. la découverte fut riche de rencontres à l’Hôpital, ferme où je pus rencontrer des paysans qui parlaient encore en provençal. Nous partageâmes notre amour pour la nature et je fus étonné que l’on puisse encore vivre en des lieux perdus comme cela . Le miel était délicieux, tout autant que notre discussion en patois. Je m’engageai alors vers les sources du Tarn, à la découverte de ces mystérieux granits, à travers lesquels coulait la source. Les mots ne peuvent décrire les sensations, les odeurs, les couleurs des lichens…
Au retour, je parlais à René de la Bretagne, pour lui dire qu’au pays de mes ancêtres existait un lieu tout aussi magique: la côte de granit rose, à Ploumanac’h, et surtout la vallée des « traouièro »…
Sculptures et vase Raku, terre grès Pram, émail couverte C315, oxydes, copper mate
Fabrication d’un four à Raku