Le four à bois « Sasukenei ll »

Construction du four à bois « Sasukenei ll »

Sasukenei est une traduction du dialecte parlé uniquement à Miharu, préfecture de Fukushima, Japon, où vivait Masakazu Kusakabe(15/10/1946-2/02/2023), concepteur du four.

Il se traduit par « Pas de problème » ou « Pas d’inquiétude, mon pote » !

https://ceramicartsnetwork.org/daily/article/the-sasukenei-smokeless-kiln-a-wood-kiln-that-produces-little-smoke-and-great-results/

Lors de la construction du « Sasukenei ll » Aurélie Malbec a mis en images (dessin et aquarelles) la construction du four, publiées dans un livre édité par Lucie Éditions :

Autour du four : « Sasukenei ll »

Autour du four : « Sasukenei ll »

Le four

Le four Sasukenei ll, a été construit en 2012 et inauguré le 12/12/2012 à 12h 12mn… André Adelheim en a conçu le plan et nous l’avons mis en œuvre au mois de mai 2012.

Le four, la cuisson au bois, l’expression plastique

Le four Sasukenei développe au cours d’une cuisson des dépôts de cendres se transformant en émail naturel sur les pièces, ce qui m’a amené à m’interroger sur les formes à produire pour ce type de four. La recherche plastique: J’étais parti pour une forme classique de poteries avec des décors en relief sur la lèvre. Le relief sculpté était inspiré des torques celtiques.

Après une première cuisson, le résultat était décevant. Les pièces étaient en partie incorrectement cuites, peu de dépôts de cendres sauf pour celles posées dans les carneaux de l’alandier. Les effets produits par les coulures de la fusion des cendres juraient par rapport à la forme. Mon interrogation se posa alors sur la forme à produire pour créer une unité avec le décor d’émail naturel de cendres.

Ma culture Bretonne m’a orienté vers les rochers de la côte de granit rose à Ploumanac’h dans les côtes d’Armor que j’avais dessinés, aquaréllés et photographiés une trentaine d’années auparavant, puis vus et revus au cours de séjours dans la région. Je me suis donc lancé sur l’étude d’artéfacts de rochers. On rencontre aussi sur la côte méditerranéenne, des galets aux formes simples, avec un trou creusé dans le calcaire par des petites bêtes. Je décidais de creuser un trou sur mes pots pour leur donner un sens utilitaire de : « vase caillou ».

La terre : Grès de st Amant en Puisaye

L’enfournement : La disposition des pièces dans le four a une incidence sur la matière et la couleur de l’émail. Après trois cuissons, nous avons déterminé quatre positionnement des pièces dans le four

Carneaux de L’alandier

Les carneaux de l’alandier : les pièces sont couvertes de concrétions de cendres avec de fortes coulures d’émail qui s’apparente plus à de la pâte de verre.

La partie proche des carneaux dans la chambre de cuisson, nous permet d’installer les pièces debout ou couchées qui recevront des fines buchettes de bois, nous donnerons des pièces avec des coulures latérales d’émail.

Les étagères avant sur lesquelles sont disposées les pièces qui recevront des cendres projetées, avec des coulures.

chambre de cuisson, partie centrale

La partie centrale pour rattraper la montée en température nous donne des pièces avec des effets de cendres. Lors de la dernière cuisson j’ai introduit des cannes de roseau qui ont déposé de la silice avec des taches d’émail brillant noir et gris cernées de blanc

La partie arrière du four donne des pièces léchées par les flammes. Le dépôt de cendres est subtil et enrobe les formes d’une fine couche d’émail.

Chaque zone du four nous propose des résultats de couvertes différentes en fonction de la position, du réglage des arrivées d’air et du bois introduit.

Montres pyrométriques

La Température : 1280°~1310° : cône 12 Orton tombé à 50°/h

montres pyrométriques cone Orton 12 touché

Les couleurs, les matières

La gamme des couleurs obtenues

Dans les carneaux

Gris, noir anthracite mats ou brillants

Gris bleus

Rouge mat

Vert émeraude, vert d’eau

bleus clairs
violets


sur les étagères :

Verts d’eau, blancs

Dorés, cuivre

Ocres jaunes , rouges orangés, marron.

noirs brillants,, gouttes d’émail noir ou miel

avec touche de bleu ou de vert.

Peindre avec le feu

Avant et lors d’une cuisson, nous ne choisissons pas nos couleurs, notre émail, sa texture. Le choix du bois (Pin Douglas ou pin rouge) sa coupe et sa refente, gros morceaux en début de cuisson, bûches fines vers 1000°, buchettes en fin de cuisson, vont me donner une flamme longue et douce, s’enroulant en volutes lors de l’ouverture des trous d’airs primaires et secondaires.

La flamme sera mon pinceau qui lèchera les pièces pour y déposer des copeaux de cendres, comme des flocons de neige…

« Devant une flamme, dès qu’on rêve, ce que l’on perçoit n’est rien au regard de ce qu’on imagine. »

                  Gaston Bachelard